Chronique, d’une mésaventure annoncée…

Article du Courrier Picard publié le 19/01/2022.

« La nouvelle résidence Mobicap d’Abbeville ne correspond pas aux attentes de leur handicap

Tous les deux en fauteuil roulant, Aurélie et David Dechambre ont quitté Orléans pour emménager, en octobre dernier, dans un logement adapté. Le couple estime que les services promis, dont une assistance 24 heures sur 24, n’y sont pas, malgré le loyer élevé.

Un logement avec une permanence et une assistance 24 heures sur 24  » et «  des services à la personne sur mesure  ». La brochure commerciale (éditée en début d’année 2020) de l’entreprise Mobicap, qui implantait sa première résidence pour personnes en situation de handicap et/ou perte d’autonomie boulevard des Prés à Abbeville, a fait mouche auprès d’Aurélie et David Dechambre.

Ce couple de personnes en situation de handicap (moteur et visuel, pour David) vivait alors à Orléans (Loiret). Tous deux souhaitaient notamment se rapprocher de la famille d’Aurélie. Ils ont emménagé dans la résidence le 15 octobre. Aujourd’hui, les époux Dechambre cherchent un nouveau logement.

« Notre handicap est acquis »

Ils précisent que deux auxiliaires de vie se relaient trois heures par jour chez eux : «  Nous ne sommes pas en perte d’autonomie. Notre handicap est acquis. Nous pensons que notre degré de dépendance est le maximum de ce que Mobicap peut intégrer dans cette résidence. Elle est plus adaptée aux seniors en perte d’autonomie.  »

Une téléassistance ainsi qu’une conciergerie dématérialisée sont proposées aux résidants par Mobicap. «  Nous ne l’utilisons pas car nous ne connaissons encore personne ici et mes parents sont à Berck-sur-Mer (Pas-de-Calais). Et ça ne remplacera jamais un gardien  », ajoute Aurélie Dechambre. Il y a aussi le volet financier : le F3 leur coûte «  1 400 euros charges comprises par mois  »… alors qu’ils touchent «  2 322 euros de revenus à deux  » (diverses allocations et la majoration pour la vie autonome).

Ils nuancent : «  Nous ne sommes pas en guerre contre Mobicap. Je pense qu’ils ont à cœur d’améliorer les choses. Ils sont au courant de notre volonté de quitter les lieux. » Pour trouver un «  grand F2 ou un petit F3 avec une douche à l’italienne et un accès PMR  » à Abbeville, les Dechambre ont sollicité la mairie et un bailleur social.

« Nous essuyons les plâtres » témoigne un voisin

Croisé à la sortie de la résidence, Jacques Brocail, un Axonais âgé de 68 ans, a posé ses valises dans un F2 à 980 euros charges comprises, le 20 octobre. Bien qu’il reconnaisse avoir « eu un frisson en voyant l’architecture qui n’était pas comme sur les photos », il est plus conciliant : « Il ne faut pas noircir le tableau ; nous essuyons les plâtres. » Il avoue aussi que son jugement vaut car son handicap n’est pas la même que ses voisins : « Je suis amputé de la jambe gauche mais j’ai toute mon autonomie. Je fais mes courses et mon ménage ; je n’ai pas besoin d’un auxiliaire de vie. » Jacques Brocail ne compte pas déménager : « Compte tenu de ma situation, je m’y sens bien. »

Le président de Mobicap : « Nous faisons de gros efforts »

Christophe Clamageran, président de Mobicap qui avait fait visiter les lieux aux élus locaux en mai 2021, entend les remarques et les assume : «  Notre société prestataire de services a eu des problèmes de recrutement. Ils sont en passe d’être stabilisés car ils ont trouvé quelqu’un. Sur le bail, il est précisé que la présence humaine est de quatre heures par jour. La permanence 24 heures sur 24 est un mix d’humain et de digital. Nous nous sommes peut-être trompés sur la conciergerie dématérialisée : elle n’est pas utilisée par les locataires. Nous n’avons eu que deux appels. Il faudra peut-être augmenter les heures de présence humaine ; ce que je peux comprendre. Nous faisons de gros efforts. Abbeville est notre première résidence ; nous avons tout intérêt à ce qu’elle marche.  » Il rappelle que Mobicap n’est «  pas une résidence seniors services ; le prix n’est pas le même. »

Selon Christophe Clamageran, huit des 32 logements sont loués. Quatre seront occupés « en février et mars. Nous avons beaucoup de contacts pour les autres. Un commercial sera bientôt présent deux jours par semaine dans l’appartement témoin pendant plusieurs mois. Même si ce n’est pas son travail, il s’attachera à résoudre les problèmes du démarrage et sera une présence supplémentaire pour les locataires. »

Mobicap continue son développement au niveau national. Des résidences vont ouvrir à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) et Louviers (Eure) prochainement. 32 autres sont en chantier d’après le président. »

Article original d’Alexandra Mauviel à retrouver ici

Suite à l’article publié par le Courrier Picard, la chaine locale WEO a souhaité faire un sujet sur nous.

Nous tenons à apporter quelques précisions et à partager notre ressenti:

À la base, le concept novateur de Mobicap nous enchantait. L’idée d’avoir un appartement autonome, avec une agence d’auxiliaire de vie implantée au sein de l’immeuble et une permanence 24h24 (cf. première plaquette commerciale de Mobicap, reçue en août 2020), nous a séduit. C’était la solution pour nous. Cela nous promettait d’avoir de l’aide en cas d’urgence ou d’absences de l’auxiliaire de vie. Nous pensions enfin pouvoir souffler de ce côté-là. Afin de bénéficier de ces services, nous étions prêts à assumer un loyer élevé. Conscients, que nous allions devoir essayer les plâtres d’une résidence neuve, nous étions plutôt fiers d’être les premiers locataires de Mobicap. Cependant, petit à petit le discours a changé, devenant très flou au niveau des services, au sujet de la permanence.

Je reconnais à présent, avoir eu tort de signer notre bail dans ce contexte. Aujourd’hui, nous avons l’impression de s’être faits avoir. Pour ma part, je culpabilise un peu. Moralement, c’est compliqué ! Toutefois, nous relativisons, car nous avons la chance d’avoir un toit sur la tête, et beaucoup de soutien (notamment nos proches et des élus de la commune). Les habitants d’Abbeville sont très chaleureux et nous ne regrettons pas d’avoir changé de région.

À ce jour, les 4 heures de permanence annoncées dans l’article, ne figurent pas dans notre bail. A contrario, les heures de ménage, elles le sont, mais n’ont pas commencées. Tous les mois, elles sont reportées au mois suivant, tout comme l’ouverture de l’agence d’auxiliaire de vie et la mise en place d’une éventuelle permanence. La situation sanitaire tombe à point nommé… Les 3 heures d’auxiliaires de vie que nous avons par jour, n’ont rien à voir avec cette fameuse permanence. Nous avions déjà ce dispositif à Orléans. . Seules la domotique, les services dématérialisés, (dont personne ne se sert) et la téléassistance basée à Rennes, sont opérationnelles, mais encore en rodage donc ne fonctionnent pas toujours très bien. Nous n’avons aucun intérêt à rester dans ce logement.

Malgré tout, nous reconnaissons les efforts de Mobicap. Cependant, il n’en reste pas moins que la réalité ne correspond pas à ce qui nous avait été annoncé. De nombreux points, demeurent à régler. Déçus, nous n’attendons plus rien de leur part. Si les choses s’arrangent tant mieux, mais la confiance et l’optimisme n’y sont plus. C’est pourquoi, nous espérons trouver un autre logement accessible, dans un délai convenable, mais savons qu’il va nous falloir nous armer de patience.

Brochure commerciale Mobicap reçue en Aout 2020.

Merci à tous de votre soutien, prenez soin de vous.

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